Manager à l’ère du numérique responsable :


redonner du sens à la technologie





Gaël Giraud sj interroge la place du numérique, de la finance et de l’éthique dans les modèles d’entreprise et propose une autre voie : celle d’une innovation responsable, au service de l’humain. À l’heure où la technologie redéfinit la performance, la valeur et la liberté, Gaël Giraud sj nous invite à repenser le rôle du manager : non plus courir après l’innovation, mais lui redonner un cap. 


La réflexion de Gaël Giraud sj sur l’impact de l’IA sur l’humain et la société s’inscrit dans le prolongement des pistes explorées dans le livre qu’il a écrit avec Anne Alombert, « Le capital que je ne suis pas ». A l’ère de l’IA, l’humain tend à être tenu comme un capital. Les éditeurs d’IA nous utilisent comme des données pour les revendre pour de la publicité.  Pour Gaël Giraud sj, la notion de capitalisme est inséparable de celle de la technique. Est capitaliste une société où la technique de la capitalisation avec l’actualisation des flux futurs de revenus liée à une opération est centrale. De nos jours, les médias sociaux, l’Intelligence artificielle générative (IAG) nous utilisent comme du capital. L’IA a également un impact fort sur l’humain via une automatisation de l’esprit. Il y a un enjeu fort à préserver l’autonomie de notre prise de décision qui fonde notre responsabilité, alors que l’IA ne fait que dupliquer les solutions du passé pour répondre aux problèmes que nous lui présentons. En dépit du danger réel que fait courir l’IA et le risque d’une idéologie transhumaniste qui renvoie à un imaginaire gnostique, la technique n’est pas à rejeter d’autant plus que l’humain est en lui-même un être technique. Dans ce contexte, le défi est de passer de la notion de capital à celle de commun. A cet égard, l’absolutisation de la propriété, la privatisation des communs sont un réel danger pour l’humanité. 


Gaël Giraud sj fait le lien entre son analyse des communs et la notion de « noosphère » développée par Teilhard de Chardin sj, cette conscience collective qu’il comprend lui-même comme la capacité à nous mettre à la place de l’autre. Cette définition prend appui sur la règle d’or selon laquelle : « tout ce que vous voudrez pour vous, faites-le pour les autres ». Il s’agit là d’une spiritualité du désir, mais d’un désir au service de l’autre. Il n’y a pas de vie en entreprise sans cela : un bon manager doit être en capacité de se mettre à la place des membres de son équipe. C’est un travail spirituel et psychologique.